Portrait de famille: Anouk et Zoé Vergé-Dépré

Anouk Vergé-Dépré est un nom connu de l’ensemble du monde du beach volley. Les succès d’Anouk parlent d’eux-mêmes: championne du monde M21 de beach volley 2012, neuvième aux Jeux Olympiques 2016 à Rio, plusieurs fois médaillée sur le World Tour et plusieurs fois championne suisse. Et Zoé Vergé-Dépré? Elle aussi compte déjà quelques réussites à son palmarès, mais n’avait jusqu’à présent pas autant attiré l’attention du public que sa sœur de six ans son aînée. Tout cela a changé d’un coup il y a deux semaines, lorsque Zoé, 20 ans, a remplacé au pied levé Joana Heidrich, blessée, pour concourir avec Anouk au Championnat d’Europe élite. «On m’a sans doute déjà demandé 100 fois si ou quand je jouerais avec ma sœur. C’est arrivé plus vite que je ne l’aurais pensé», affirme la sympathique Bernoise aux racines caribéennes. Pour Anouk aussi, ce premier tournoi ensemble était un moment spécial: «Tu connais tellement bien la personne à côté de toi en privé, mais pas sur le terrain. Nous nous sommes beaucoup amusées et avons pu parler de tout ouvertement.» Cette décontraction s’est avérée payante au final, puisque leur première apparition ensemble a été couronnée par une belle 9e place! Lorsqu’on lui demande si Joana devrait se faire du souci pour sa partenaire, Zoé déclare en riant: «Haha, non, le duo de sœurs était provisoire.»

Pause forcée pour Anouk

Alors qu’après le CHE en Hollande Zoé a continué avec sa partenaire d’origine Esmée Böbner au CHE M22 en Lettonie, Anouk en a pour l’instant fini avec les tournois internationaux. Sa partenaire Joana Heidrich a récemment subi une opération des disques intervertébraux et sera absente le reste de la saison: «L’opération de Joana s’est bien passée et elle refait déjà preuve de beaucoup de positivité. Elle doit maintenant prendre suffisamment de temps pour se rétablir complètement; j’ai pleinement confiance en elle et en notre équipe médicale sur ce point!» La décision de ne pas disputer d’autres tournois internationaux cette saison a été prise en vue de la qualification olympique pour Tokyo 2020 qui commencera bientôt. Ce choix, aussi difficile soit-il, est judicieux pour ne pas mettre en danger les importants «Entry Points». Anouk détermine actuellement la suite de l’entraînement avec ses coaches et si elle disputera malgré tout encore quelques matches. La Bernoise qui ne tient pas en place ne devrait toutefois pas s’ennuyer. En plus du sport, la joueuse de 26 ans étudie les sciences des médias et la gestion d’entreprise à l’Université de Fribourg, travaille pour l’International Beach Volleyball Players Association nouvellement créée, aime danser, rencontrer des amis et la bonne cuisine.

La famille, un refuge

Le plaisir de jouer au volleyball leur a été transmis par leurs parents, qui ont eux-mêmes joué activement et travaillent aujourd’hui comme professeurs de sport. Leur père est en outre leur entraîneur de condition physique: il élabore des programmes d’entraînement et prend en charge l’organisation cyclique. Cette fonction lui permet d’être toujours proche de l’action. «Pour tout ce qui ne concerne pas directement le sport, c’est notre Maman qui s’en occupe. Nous lui sommes très reconnaissantes d’assumer ce rôle», affirment les deux sœurs. En plus du volleyball, la musique et danse unissent la famille – probablement influencée par les racines caribéennes du père. Anouk s’est par exemple déjà essayée à la capoeira, une danse de combat brésilienne. Et Zoé déclare: «Nous sommes une famille pleine de tempérament, où il y a aussi des disputes. Mais nous nous comprenons tous très bien».

La réussite, fruit d’un travail acharné

Pour réussir dans le beach volley, outre du talent, il faut beaucoup d’engagement, de renoncement, de volonté et de personnes en coulisses. Pendant la préparation, 20 heures par semaine au total sont consacrées à l’entraînement avec et sans ballon. À cela s’ajoutent la physiothérapie, la récupération active, l’entraînement mental, le travail auprès des médias et des sponsors et – de plus en plus importante – l’activité sur les réseaux sociaux. «Instagram et consorts sont devenus un élément essentiel dans un sport comme le nôtre car cela permet aux gens de participer à notre vie. Ils constituent une plate-forme pour raconter ses propres histoires, que les médias ne reprennent peut-être pas», explique Anouk, qui est suivie par près de 40 000 personnes sur Instagram. Pendant la saison, les déplacements sont fréquents, le temps à la maison est limité. «Je ne considère toutefois pas cela seulement comme un inconvénient, car ainsi on apprécie encore mieux les moments passés chez soi», déclare Anouk. Les deux défenseuses aiment aussi leur vie de joueuse professionnelle de beach volley pour la découverte d’un grand nombre de personnes, de cultures, de pays et de mentalités différentes qu’elle apporte. Les nombreux voyages les ont rapidement rendues indépendantes. Elles ont également appris à apprécier la Suisse, car on réalise seulement à l’étranger qu’on ne manque de rien ici. Zoé, qui vient du volleyball en salle et a joué à Volley Köniz et même dans l’équipe nationale, donne la raison suivante à son changement pour le beach volley: «Avec mon style de jeu et mes prédispositions, je pense que j’ai plus de potentiel dans le sable qu’en salle. Le beach volley me plaît en outre particulièrement parce que l’influence sur le résultat final est plus grande avec deux joueurs. Et j’aime me mesurer constamment au niveau international».

Objectif Jeux Olympiques

L’objectif majeur d’Anouk est la lutte pour les médailles lors d’un CHM ou des Jeux Olympiques. Pour ce faire, elle souhaite poursuivre son évolution en tant qu’athlète et «devenir la meilleure Anouk possible», comme elle dit. Zoé aussi veut continuer à s’améliorer techniquement, physiquement et au niveau du jeu afin d’atteindre son grand objectif, la participation aux Jeux Olympiques de 2024 à Paris. Pour y parvenir, elle fait preuve d’un grand engagement et s’appuie aussi parfois sur sa grande sœur plus expérimentée. «J’aide bien sûr volontiers Zoé lorsqu’elle a besoin d’un conseil, mais j’essaie de ne pas m’imposer. Lorsqu’elle veut quelque chose, elle le prend elle-même chez moi», déclare Anouk et avec ces propos, il devient clair que la petite sœur est devenue adulte.